Conférence: «L’identité environnementale et l’engagement écologique des jeunes en France»

04 Novembre 2021
Durée :
01:58:04

Le Centr’ERE a eu le plaisir d’accueillir deux conférences sur l’identité environnementale et l’engagement écologique des jeunes en France.

Quand le risque n’est plus écologique : s’engager dans la société de l’expérimentation
Jocelyn Lachance est maître de conférences HDR en sociologie à l’Université de Pau et membre du laboratoire TREE (UMR CNRS 6031).

Résumé :

Depuis plusieurs années, les sociologues soulignent la dimension « expérimentale » de l’engagement des jeunes, leur créativité et leur capacité à mettre en pratique leurs valeurs sous des formes inédites qui sont parfois invisibles aux yeux de la génération de leurs ainés. A partir des enquêtes qualitatives menées dans le cadre des projets ECOTIC et ECOCOV, nous interrogerons les effets de cette place accordée à l’expérimentation, en montrant comment les modalités contemporaines de l’engagement entrainent des formes paradoxales d’être-au-monde témoignant dans le domaine de la défense de la cause environnementale de « la fatigue d’être soi », décrite par Alain Ehrenberg. En effet, derrière la réussite de « jeunes engagés » ayant trouvés « leur voie », nos enquêtes révèlent le « revers » d’une lutte légitime, qui produit dans son sillage les conditions propices à l’émergence, non seulement du sentiment de culpabilité et d’insuffisance, mais aussi parfois de dépression. Le « jeune engagé » en faveur de l’écologie apparait alors comme la figure emblématique de l’individu hypermoderne, s’exposant dans l’action au risque de la réussite, mais aussi, et parfois surtout, de l’échec.

Jocelyn Lachance est maître de conférences HDR en sociologie à l’Université de Pau et membre du laboratoire TREE (UMR CNRS 6031). Ses recherches socio-anthropologiques portent sur le devenir adulte dans la société hypermoderne. Il est notamment l’auteur de L’Adolescence hypermoderne. Le nouveau rapport au temps des jeunes (PUL, 2011), de La Famille connectée. De la surveillance parentale à la déconnexion des enfants (Eres, 2019) et Les tentatives de reconnaissance. Figures anthropologiques des interactions sociales et de la valorisation de soi(PUL/Hermann, 2021). Il poursuit également en parallèle un travail d’accompagnement des professionnel-le-s du travail social, de l’éducation et de la santé.

Quand la réputation des jeunes engagés pour l’écologie révèle des tensions identitaires: le cas de Youth For Climate.
Mathias Przygoda, doctorant à l’université de Pau et des pays de l’Adour, sous la codirection de Jocelyn Lachance et de Francis Jaureguiberry

Résumé :

Le contexte hypermoderne participe à une modification des pratiques militantes dans le domaine de l’écologie, autant dans ses formes que dans ses expressions. Ainsi de nouveaux mouvements sociaux émergent et expriment des degrés d’engagement variés chez les jeunes engagés en faveur de la défense de l’environnement. L’utilisation des TIC a notamment permis à ces derniers d’investir de nombreux espaces numériques, interconnectés et interdépendants avec les espaces hors ligne. De nouveaux risques liés à la réputation sont alors affrontés par ces jeunes qui mettent en place des stratégies inédites pour exprimer leur engagement. Ce sont particulièrement les enjeux identitaires fortement liés à ces formes contemporaines d’expression de l’engagement que nous décrirons et analyserons au cours de notre intervention.

Mathias Przygoda est doctorant à l’université de Pau et des pays de l’Adour, sous la codirection de Jocelyn Lachance et de Francis Jaureguiberry (Laboratoire TREE – UMR CNRS 6031). Son sujet de thèse porte sur l’engagement écologique de la jeunesse hypermoderne à l’ère du numérique. Il y interroge plus particulièrement le rôle de la réputation et la mise en visibilité de leur engagement dans différentes communautés, notamment présentes sur Discord. Il enseigne également la sociologie de la jeunesse et la méthodologie de recherche au département de sociologie de l’UPPA.

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