Conférence: «Crise hydrique, conflits sociaux et zones de sacrifice»

12 Janvier 2023
Durée :
58:18

Andres Larrea Burneo, candidat au doctorat en sciences de l’environnement de l’UQAM, sous la direction d’Isabel Orellana, professeure du Département de didactique de l’UQAM et de Juan-Luis Klein, professeur au département de Géographie de l’UQAM

Cette recherche s’intéresse aux trajectoires environnementales de territoires en crise, aux risques complexes confrontés par les acteurs locaux, et aux outils scientifiques pouvant informer leurs stratégies de résilience. La vallée du fleuve Huasco est un étroit filet de végétation qui traverse le désert d’Atacama, le plus aride au monde, des Andes au Pacifique. Officiellement reconnu en épuisement hydrique depuis 2016 et situé dans une région en processus de désertification accélérée, le bassin hydrographique du Huasco dépend de l’eau de fonte de glaciers andins fortement détériorés par les impacts simultanés du réchauffement climatique et de mégaprojets miniers en haute montagne. Une proportion importante de la population de la vallée vit actuellement en situation de précarité hydrique, habitant parfois des urbanisations informelles ou sans accès aux réseaux d’eau potable et dépendant du transport par camion-citerne. Cette situation critique est à l’origine de multiples conflits sociaux impliquant des communautés locales et des mégaprojets miniers, thermoélectriques et agroindustriels depuis les années 90. Divers regroupements citoyens, notamment des communautés autochtones Diaguita dénoncent la contamination et l’accaparement de l’eau rendue possible par le système de privatisation et de mise en marché des ressources hydriques institutionnalisé au Chili. La conflictualité sociale est particulièrement grave dans la région connue localement comme la « zone de sacrifice » du Huasco, une zone de développement pluri-industriel située sur le bord côtier, à l’embouchure du fleuve, où les normes de qualité environnementale sont systématiquement dépassées par les émissions industrielles. Déclarée en 2012 « zone latente » en termes de saturation de contaminants sous forme de matériel particulaire respirable (MP10) par le Ministère de l’Environnement, une étude récente a démontré que les habitants de cette région sont exposés à un risque accru de contracter une maladie respiratoire chronique et de mourir d’une maladie cardiovasculaire ou cérébrovasculaire. La nature complexe et multidimensionnelles des risques associés aux changements environnementaux et l’incertitude qui caractérise les trajectoires non-linéaires des systèmes socio-écologiques requiert l’adoption d’une perspective systémique dans la création de connaissances pour la planification territoriale de la résilience. À travers de la cartographie participative produite en collaboration avec des acteurs locaux de la société civile et de la gouvernance territoriale (regroupements citoyens, organisations non-gouvernementales, gouvernements autochtones et municipalités communales) et adoptant une perspective systémique, ce projet vise à caractériser et à évaluer les multiples risques socio-écologiques affectant le territoire du bassin hydrographique ainsi que les vulnérabilités présentes dans les populations locales.

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