Conférence publique avec Alain Deneault: «L'économie de la nature»

31 Octobre 2019
Durée :
01:36:41

Le Centr’ERE a accueilli une conférence de l’auteur et philosophe Alain Deneault dans le cadre de sa tournée présentant les ouvrages L’économie de la nature et L’économie de la foi, tirés de son feuilleton théorique « Les Économies ».

Biographie :

Alain Deneault, directeur de programme au Collège international de philosophie à Paris, travaille sur l’idéologie managériale et la souveraineté des pouvoirs privés. Il est l’auteur de Gouvernance et La Médiocratie (Lux), et a publié plusieurs essais sur les multinationales et les souverainetés de complaisance parus chez Écosociété et Rue de l’échiquier.

1. L’économie de la nature

L’expression « économie de la nature » a surgi dans le vocabulaire des sciences au XVIIIe siècle bien avant que le néologisme « écologie » ne s’impose à nous, plus d’un siècle et demi plus tard. Chez Carl von Linné, Gilbert White ou Charles Darwin, l’économie de la nature désigne l’organisation des relations entre les espèces au vu du climat, du territoire et de leur évolution. Cette économie pense l’imbrication des espèces, y compris les êtres humains, dans un réseau d’interactions incommensurables et impondérables. Mais très vite, les physiocrates, les premiers «économistes», la dévoient pour fonder une science de l’agriculture subordonnée à de prétendues lois du marché. Un détournement dont nous pâtissons jusqu’à ce jour.

Tant que ne sera pas restitué son sens, le terme « économie » nous donnera l’impression de voir double dès lors que flanqué de celui d’« écologie ». Il nous sera alors dit qu’il faut tenter de réconcilier l’une à l’autre, comme s’il s’agissait de deux champs distincts. Ce court essai s’emploie à redonner ses droits à l’économie de la nature.

2. L’économie de la foi

Gérer des biens ou administrer des organisations ne relèvent pas d’actes qui se suffisent à eux-mêmes. Ils procèdent d’un principe supérieur, lequel les justifie dans la mesure où on lui prête foi. Une profession de foi est donc de rigueur pour fonder les principes qui confèrent de la cohérence aux menus gestes par lesquels nous nous structurons tous les jours.

À ce rapport interactif entre la croyance, l’autorité et l’action, les Pères de l’Église ont donné le nom d’«économie». Une économie de la foi, qui fonde notre matrice institutionnelle depuis le début de notre ère. Cette économie porte en elle l’exigence de penser ce que tout principe doit à l’intimité des sujets pour s’incarner dans le monde. Elle relève d’une gravité et d’une profondeur que la science économique moderne n’arrive en rien à imaginer.

Pour camoufler la béance de leur vanité, les « théoriciens » du management ont repris tel quel le vocabulaire religieux, mais pour achever de l’épuiser : ils invoquent la protection de leur business angels afin de porter leur marque au stage de l’evangelizing. Il n’y a pas pire foi que celle qui ne s’admet pas, ou se conçoit mal.

LES ÉCONOMIES – Feuilleton théorique :

Avant que la corporation des économistes n’en monopolise le sens et la portée, le mot «économie» a reçu plusieurs significations des domaines des sciences, des arts et de la vie sociale. On ne saurait donc réduire l’économie aux seuls enjeux d’intendance financière et marchande auxquels on a voulu la cantonner. Ce feuilleton théorique vise à restaurer les différentes acceptions du terme «économie» et à en faire valoir l’actualité, pour ensuite synthétiser tous ces usages dans une définition conceptuelle en lieu et place de celle, idéologique, qui s’est imposée à nous.

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